Chicorée

 Un de mes amours récents est le mélange « café/chicorée ». Tasse après tasse, je me délecte de son goût amer sur ma langue. Dernièrement, puisqu’on est en été, je le bois glacé. J’ai remarqué que je me réveillais le matin, plus motivée que d’habitude pour en boire, avachie sur mon fauteuil. Une cigarette « Iqos » vient compléter le tableau. La sensation de bonheur que j’éprouve à chaque gorgée est devenue essentielle pour moi. Ma respiration devient plus profonde, plus régulière et le calme m’envahit. On dirait que je fais un cours de yoga de bon matin !

 Cela faisait des années que je buvais mon nescafé presque à contre cœur. Je ne savais pas qu’au Liban on importait de la chicorée. Je n’avais même pas eu le réflexe d’en rechercher sur les rayons des supermarchés. Jusqu’au jour où je suis tombée dessus par hasard. Durant une fraction de seconde, j’ai eu un « flash-back », un retour brutal au passé, à mes années d’études à Paris pendant lesquelles j’en buvais souvent. Aussitôt, mon cœur a marqué un battement de trop durant quelques secondes. J’ai vu au ralenti ma main s’emparer de toutes les boîtes alignées en face de moi. Treize boîtes en tout ! Et qui dit encore que le « 13 » est un chiffre qui porte malheur ? Ma joie n’avait plus de limites. J’étais prête à faire le tour des supermarchés de toute la région pour en acheter encore ! Oh, esprit malade et enfiévré, où te cachais-tu pendant tout ce temps ?

 Pour confirmer ma folie à ce propos… dernièrement, j’ai déniché un très grand « mug » que je remplis le matin à ras bord. Je le laisse traîner partout dans l’appartement. À chaque fois que je passe devant, je le prends, je bois une gorgée tout en me déplaçant de pièce en pièce et je le remets là où je m’arrête. Sur la commode de la chambre, sur la petite table du salon, sur mon bureau, etc. Chaque fois que le niveau diminue, je rajoute de l’eau froide. Quand il se tiédit, j’ajoute deux glaçons. Je suis sûre que bientôt, je vais donner un prénom à mon « mug » et commencer à lui parler ! Il m’accompagne si bien que je sens qu’il deviendra un ami cher à mon cœur ! C’est pour très bientôt je vous jure ! Mon Dieu… appelez une ambulance vite ! Je deviens animiste !

 Le plus grave, c’est quand je suis chez Mady… Là, c’est la folie furieuse qui nous prend. Nous nous précipitons à la cuisine pour préparer notre chicorée. Oui… mais excusez-moi ! PAS dans n’importe quels « mugs » ! On doit la boire dans les « mugs » fleuris en rouge et blanc ! Non… il n’est pas permis d’en boire dans d’autres. Celles-là sont associées à notre breuvage. Une fois nos « mugs » remplis, on se regarde avec un tel air de satisfaction, qu’à chaque fois, on éclate de rire à n’en plus finir.

Voilà… j’ai décidé de devenir accro à la chicorée !

 Pour appuyer et confirmer ma récente addiction, j’ai mis une boîte de chicorée chez Lana. J’en ai aussi mis dans mon sac à main (dans un mini « Tupperware »), un autre dans mon sac fourretout que je garde toute l’année dans le coffre de ma voiture. Humm… je me demande si la chicorée va résister à la chaleur puisque la plupart du temps, je me gare au soleil. Va-t-elle durcir et se transformer en petites boules sèches et imbuvables ? Qu’est-ce que vous en pensez ?

 Qui a dit que devenir accro à quelque chose n’est pas une bonne chose… hein ? Au cas où voulez répondre à cette question, je vous signale que je ne vous entendrai pas, car j’ai bouché mes oreilles avec mes mains et NA !