Transmission

Je suis libano-arménienne. Je vis au Liban, dans la capitale Beyrouth. Le Liban, mon pays bien aimé, est un pays de paradoxes. Une terre millénaire qui a traversé les époques et a survécu malgré tout. Toute une culture transmise à travers les siècles. Chez nous, rien ne va, mais en même temps on a l’impression que tout va bien. Comment ? on ne comprend franchement rien ! Il faut dire que les libanais, malgré tous leurs défauts, ont des ressources inépuisables. Ils ont une intelligence pratique émotionnelle et sociale élevées. Et que dire de leur humour léger et parfois sarcastique face à n’importe quelle situation. De la plus dramatique, ils trouvent le moyen d’en rire et d’en faire des blagues !

De nos jours, la plupart d’entre eux rêvent d’émigrer, de quitter le plus rapidement ce pays, où la vie devient de plus en plus difficile. Moi, je ne rêve que de rester. J’ai toujours aimé mon pays. On se ressemble lui et moi, aussi atypiques l’un que l’autre. De ma part, j’ai la langue bien pendue et une tendance à m’enflammer facilement. Portrait craché des libanais !

Dans ce contexte, dernièrement, je me pose cette question. Est-ce que j’ai transmis quelque chose d’important dans ma vie ? et si oui, qu’est-ce que j’ai transmis ? et à qui ? Et sinon, me reste-il assez d’énergie pour le faire ? Oui, je suis sérieuse… Quel mot ! quel pouvoir a ce mot ! Je le roule dans ma bouche. Je lui trouve plein de saveurs comme un bonbon acidulé et doux à la fois. (Eh oui, pour moi, les comparaisons vont toujours de pair avec des friandises). Je te « transmets » quelque chose… waw ! J’imagine une personne qui a les mains tendues, et qui donne quelque chose à quelqu’un, avec beaucoup de tendresse et de sagesse. Une main pleine de rides et de vécu, tendue vers une petite main potelée qui n’aspire qu’à apprendre. Je ne veux voir que le beau côté des choses. Je ne veux parler que de la transmission positive. La transmission de génération en génération… le lien qui existe entre les peuples, entre les tribus, entre les pays, entre les gens, dans les familles.

Pourquoi cette question revient souvent me hanter ces derniers temps ? Oh non ! Est-ce que cela veut dire que je vais mourir bientôt ? Oui, oui, je sais… là je tombe vraiment dans le mélodrame. D’ailleurs je suis la reine du drame. Mes amies m’appellent « drama queen ». Voilà j’arrête ! OUF ! Un sourire de grâce !

“Nous avons tous un lien avec les générations passées… il est important de ne pas oublier ses racines et ses origines.”