Chez le coiffeur

 Ma bonne humeur aujourd’hui est injustifiée… Contre toute attente j’ai mis de la musique pendant que je m’habillais le matin. Je dansais et souriais dans le vide. Je ne comprends pas ce qui a changé en moi entre hier et aujourd’hui. Je n’ai même pas fait de beaux rêves… C’est bizarre comment l’être humain est fait ! Toutes ces connections dans notre cerveau, qui font que nous ne comprenons pas pourquoi il y a des jours où l’on se réveille de bonne humeur et d’autres non. On ne sait pas pourquoi on réagit d’une façon ou d’une autre. Bon, je ne sais pas pourquoi il faut que je décortique mon humeur de ce matin ! Ce n’est pas le moment... Non mais, je ne suis même pas capable d’accepter mon état sans que je cherche à savoir pourquoi ?!

 Ma bonne humeur me stimule tellement, que je m’attaque à mes armoires que je rêvais de ranger depuis un bon temps. Entre chaque pas de danse et beaucoup de pirouettes, un tiroir est fini… Youpi ! Je suis productive ! Et je n’ai même pas pris une pause pour grignoter quelque chose ou pour jeter un coup d’œil à mon téléphone portable et vérifier si j’ai reçu des messages sur WhatsApp !

 Et pour comble de motivation, je décide d’aller chez le coiffeur me faire un « brushing ». Je compte profiter jusqu’au bout de cette journée. Tiens donc, le soir, je pense appeler un de mes amis pour aller prendre un verre dans un pub sympa. Autant en profiter puisque l’énergie de cette journée ne se répètera pas souvent. Allez zou ! Une petite douche puis direction coiffeur.

 Le coiffeur du quartier n’est pas mon coiffeur habituel, ce dernier ayant son salon à dix kilomètres de chez moi. Celui du quartier me dépanne, quand il s’agit de me laver les cheveux ou de faire un « brushing » de dernière minute.

 Je suis arrivée… zut, c’est bondé !

 Je profite pour continuer de vous raconter… voilà, je suis toujours en admiration devant ces femmes qui arrivent à se détendre chez le coiffeur. Elles demandent un café, aussitôt arrivées. Cigarette à la main, elles s’apprêtent à écouter les derniers potins pour les répandre ensuite aux femmes du quartier. Les bigoudis leur donnent un air « papoteur » (un mot que j’ai créé). Décidément, je ne fais que créer des mots débiles ces temps-ci. Bon, retour à ces femmes, qui entre chaque bouffée de leur cigarette ou leur « iqos », rechargent assez d’énergie pour toute la semaine.

 Dans le même salon, chez l’esthéticienne, il y a aussi celles qui se font une manucure ou une pédicure. Celles-là sont les plus terribles. Elles arrivent à participer à toutes les conversations en même temps. Les pieds dans l’eau, elles élèvent la voix de la petite salle où elles sont assises, afin de ne rater aucune miette de la conversation de groupe qui se tient plus loin avec le coiffeur. Le brouhaha qui s’en suit est très désagréable à mes oreilles. Moi, concentrée sur le roman que je lis, je leur parais très « constipée ». Elles me regardent de travers, me prenant pour une snob qui ne veut pas participer à la séance de « papotage ».

 De toute façon, pour moi, la plupart du temps, aller chez le coiffeur est une corvée. Je ne supporte pas le séchoir. Le pauvre ! Il souffre en me coiffant. Je n’arrête pas de bouger et de pencher ma tête trop à droite ou trop à gauche. Il n’arrête pas de me dire : « mademoiselle gardez votre tête droite s’il vous plaît ». Même quand il veut me laver les cheveux, je n’arrête pas de cligner les yeux ou de sursauter à chaque fois que je reçois quelques gouttes d’eau sur mon visage. Du coup, j’essaie d’éviter au max d’y aller fréquemment. Mais parfois, comme aujourd’hui, malgré tout, ça me fait du bien de me regarder dans le miroir et de me sentir bien dans ma peau.