Désert et palmiers
Depuis une semaine, je me répète chaque jour : « je dois écrire ! », au lieu de me dire : « j’ai envie d’écrire ». Puis aujourd’hui je me suis dit : « je choisis d’écrire » … comme il se doit d’être dit. Je dois, je dois, je dois… non mais ! Qu’est ce qui me prend d’oublier mes affirmations positives et de commencer mes phrases par le mot « devoir » au lieu du mot « choisir » comme je le fais d’habitude ?! Mais bon, il y a des moments comme ça dans la vie où on se retrouve en plein désert. Dernièrement, j’étais dans une de ces phases, il faut bien me l’avouer. Je faisais trois pas en arrière pour un pas en avant.
Il y a une phrase de Paolo Coelho, (un auteur que j’apprécie particulièrement), dans son livre « L’Alchimiste » qui me parle beaucoup : « Peut-être que Dieu a créé le désert pour que l’homme se réjouisse à la vue des palmiers ». Eh oui… Peut-être qu’il fallait que je passe par cette phase de stagnation pour que je me réjouisse aujourd’hui de redevenir productive et d’évoluer vers un état meilleur. Je dois faire la moisson de ce que j’ai appris durant tout ce temps. Même si je ne le réalise pas encore, je n’ai sûrement pas stagné, mais évolué à mon insu.
Passer du temps dans le désert n’est pas vain. On apprend à faire face à ses démons intérieurs, à ses faiblesses et à ses incertitudes. C’est ce que je réalise maintenant. Ça faisait longtemps que je n’y étais pas allée. Le chemin de retour a été difficile. Je me sentais étrangère à tout ce qui m’entourait. Mais voilà, maintenant que j’aperçois les palmiers au loin, je sais que tout ira bien.
Déjà c’est l’été… on est à la mi-juillet.
Des mois que j’attendais qu’il fasse beau pour pouvoir émerger de ce brouillard existentiel dans lequel je m’enlisais. J’accusais le climat. A Beyrouth, la température est plus que clémente dès début avril. En fait, au Liban en général, le printemps sent déjà l’été, et la plupart du temps, je commence à bronzer dès la mi-avril. Mais en cette année de 2023, c’est plutôt le contraire… il a fallu attendre la fin juin pour que l’on puisse se dire que l’été était là. Ouf ! Je n’en pouvais plus ! Même si le climat n’était pas la cause directe de mon parcours chaotique de ces derniers temps, le soleil est déterminant pour moi. Mon énergie varie beaucoup d’une journée ensoleillée à une autre. Déjà, depuis une semaine que je passe mon temps au soleil et à la piscine, je ressemble à une galette dorée… ou brûlée plutôt !!
Pour me booster, je me suis inscrite à un cours d’aquagym deux fois par semaine. Piscine double olympique en plein air… embruns du vent salé de la mer en arrière-plan. Le plaisir de profiter de l’été par toutes mes pores est intense. Je me laisse griser par le soleil, le vent, le cri des mouettes au loin… C’est le bonheur pur et simple d’exister sans penser à rien d’autre.
Je fais partie d’un groupe de femmes âgées qui sont sympathiques et motivées. Je suis la petite jeune ! Moi qui me sens déjà vieille ! Leur enthousiasme est contagieux. Elles ont toutes enfilé des maillots « une pièce ». Je suis la seule à porter un maillot « deux pièces ». Elles se sentent bien dans leur peau, alors que je retiens mes abdos pour essayer d’avaler mon ventre. Leurs seins flasques tressautent mollement en fonction des exercices, mais elles n’en n’ont cure. Le regard des autres, que ce soit celui affectueux de notre coach, ou celui plus critique des femmes allongées sur les transats ne les atteint pas. Elles se sentent libres dans leur corps, ces femmes qui ont su faire face aux ravages du temps. Elles dansent au rythme de la musique et passent du bon temps. Ce sont des guerrières… Je me sens comme un jeune soldat anonyme, dans une bataille qui n’est pas encore la mienne.
Ça me fait réfléchir à beaucoup de choses… surtout en cette période où je me sens à un carrefour de ma vie. L’une d’entre elles me laisse bouche bée. Elle a quatre-vingt-huit ans, une hanche opérée et une pêche d’enfer ! C’est l’aînée du groupe. Non mais, comment elle fait ? D’où est-ce qu’elle puise cette force ? Je me sens pleine de respect envers elle. Je suis en admiration envers ces femmes, qui a un âge déjà avancé, respirent la joie de vivre. Eh bien voilà leur secret… ces femmes ont plusieurs fois traversé des déserts. Elles ont vu et revu plusieurs fois des palmiers. Elles s’en sont sorties victorieuses !
Je décide de suivre leur exemple… Allez Tchi… GO !
« Quand on arrive au point où on n’est pas influencé par ce que les autres peuvent penser de nous, cela veut dire qu’on a atteint un dangereux degré de liberté ».