Site de rencontre
L’année dernière, ma mère a été hospitalisée. À son retour à la maison, durant la période de sa convalescence, je restais des heures, assise dans sa chambre, à veiller sur elle, pendant qu’elle dormait. J’ai profité de ce temps libre pour m’inscrire sur un site de rencontre. Pourquoi un site de rencontre ? Eh bien, simplement, car depuis quelques années, je ne savais plus où rencontrer des hommes intéressants dans le but de m’en faire des amis ou de construire une relation de couple. Vu la crise économique de mon pays et celle du Covid19, je me suis retrouvée, comme beaucoup de libanais, presque isolée chez moi, réduite à une vie sociale très restreinte. Beaucoup de gens, cultivés et intéressants avaient quitté le Liban, pour aller travailler dans les pays arabes. À ajouter, ceux qui avaient émigré pour des pays plus lointains tel que le Canada, l’Australie et la Suède. Ma démarche me paraissait pertinente au début. Mon but était de faire de nouvelles connaissances. Dans ma naïveté, j’étais sûre que j’allais me faire plein d’amis.
Euréka ! Tous les hommes avec qui je suis rentrée en contact, ont de suite accepté mes conditions :
1- Au début, on commence par une approche amicale. On verra où ça peut nous mener par la suite.
2- Je ne « chate » pas avec un homme marié ou déjà engagé dans une relation.
Le problème est apparu de suite lorsqu’ils ont réalisé que je voulais vraiment commencer par une approche amicale. Dès lors, la plupart ne répondaient plus à mes messages, ou ne prenaient plus l’initiative de continuer les dialogues des premiers jours. Le débit devenait plus lent et pfff… envolées les petites attentions quotidiennes. J’avais compris que les hommes qui m’avaient « liké » n’avaient pas tous le même objectif que moi, mais je ne m’en souciais pas. Dès le début, j’étais claire sur mes intentions et je leur donnais le choix de continuer ou pas.
Bizarre… Après réflexion je voyais clair dans leur jeu. Ils se disaient qu’il n’y avait pas de mal à accepter mes conditions et à être d’accord avec moi, dans le but d’atteindre leur objectif. Quel objectif ? Le sexe bien sûr ! J’ai compris les choses plus tard… j’ai réalisé que pour eux, le mot « ami », était un mot à large spectre. « One night stand », ce qui veut dire passer une nuit ensemble, devenait « amis pour un soir !! ». « Friends with bénéfits » (amis avec bénéfices), venait en deuxième position. (Vous avez compris non ?). Ayant compris leur stratégie, je les laissais croire qu’ils maîtrisaient la situation, et je dirigeais la conversation vers un registre purement amical. La plupart d’entre eux s’épuisaient au bout de quelques jours de discussion et arrêtaient de m’envoyer des messages. De ce fait, le filtrage se faisait tout seul.
Certes, il y a ceux qui ont joué le jeu à fond : ils ont accepté ma proposition de se voir pour prendre un café. Au début, avant qu’on ne se voie, ils étaient super motivés. Ils m’envoyaient sur WhatsApp des « bonjour » avec des cœurs et des roses, très tôt le matin. Ils me textaient aussi plusieurs fois par jour. Comme je n’avais pas autant l’expérience des rencontres sur le site, je souriais quand je voyais leurs messages s’afficher sur mon écran. Puis, petit à petit je devenais blasée, car je savais que c’était provisoire. Aussitôt vus pour le café, les messages disparaissaient petit à petit, et eux avec !
La liste est longue. Des hommes avec qui j’ai à peine entamé une conversation et à qui j’ai fait « unmatch » de suite, ou qui m’ont fait eux-mêmes « unmatch ». « Match » en anglais c’est quand les deux côtés se font « like », et que ça colle. C’est-à-dire que si un homme me plaît au niveau physique ou bien au niveau de son profil, (études, hobbies, fumeur ou non…), je fais glisser mon doigt sur la photo vers la droite pour signifier que je le choisis. S’il me choisit en retour, alors on « match ».
Pour ce qui est du « unmatch », c’est quand l’un de nous deux ne veut plus rester en contact avec l’autre pour une raison ou une autre. En général, c’est quand on s’est rendu compte qu’on ne se plaisait pas. C’est quand on réalisait aussi, qu’on n’avait pas les mêmes objectifs quant à la nature de la relation, ou bien quand on finissait par remarquer qu’on ne s’entendait pas bien. Ce qui est déplaisant dans ce processus, c’est que les hommes avec qui je « chatais » (se texter en anglais), me faisaient « unmatch » sans prévenir quand ils comprenaient qu’au final je ne recherchais pas une relation purement sexuelle... Bonjour la politesse !
Après l’enthousiasme et la motivation des premiers temps, mon but était devenu de trouver un homme « normal ». Un homme qui prendrait le temps de faire ma connaissance, non dans le seul but de me sauter dessus le premier soir, mais pour me connaître afin de voir si on pouvait sortir ensemble et évoluer dans la même direction. J’ai décidé quand même de continuer par curiosité, car je commençais à trouver amusant le fait de me demander sur qui j’allais tomber… et je suis tombée sur tellement d’énergumènes ! Découvrir les lubies et l’attitude de chacun me faisait rire. J’avais de plus en plus l’impression de regarder un mauvais feuilleton. J’étais partagée entre la colère et les fous rires.
Voilà, j’ai décidé de partager avec vous de temps en temps, les récits de quelques conversations et rencontres. Je vous donnerai des exemples et vous serez aussi étonnés que moi. Préparez-vous !
À suivre…